Psychologue clinicienne et psychanalyste au 4, rue Cambon 75001 Paris
Véra Fakhry

Véra Fakhry, psychologue et psychanalyste à Paris 1er.
Séances en cabinet ou à distance.

Qu’est-ce que le deuil ?



Si chaque décès est unique, chaque travail de deuil qui s’ensuit l’est. Car aucun deuil ne ressemble à aucun autre, y compris chez un même sujet. Inégaux face à la question de la mort, le travail de deuil remue jusqu’à nos fondations les plus profondes. Les circonstances du décès, la période de vie, le lien au défunt, son âge, l’âge du deuilleur, le rapport à la mort tous ces éléments actuels comptent dans ce processus si particulier qu’est le deuil.


Mais qu’est-ce que le deuil ? Y-a t’-il une temporalité du deuil ? D’où vient l’idée du deuil et combine de temps dure-t-il ? Est-ce possible de ne pas faire son deuil ? Enfin comment annoncer la mort à un proche, et à fortiori à un enfant ?

Lorsque la mort survient

Lorsque la mort fauche la vie, elle surprend toujours ceux qui sont en vie. Même attendue suite à un pronostic sombre, elle survient dans un temps que personne ne peut prédire. Si l’annonce d’une maladie prépare, l’annonce d’un décès vient sceller l’irréversible. Mais lorsqu’elle est soudaine, elle peut véritablement pétrifier. Et cette impréparation psychique peut favoriser le traumatisme.

Les circonstances de la mort comptent

Lorsque l’événement est attendu suite à la sénilité, la grande vieillesse ou la maladie chronique ou grave, le processus de prédeuil s’installe et permet en amont de commence à faire pour chacun.

Or rien n’est anodin dans ce temps qui entoure la mort. Les circonstances de la mort comptent pour celui qui vient d’apprendre cette nouvelle. Le décès est-il brutal ou cette mort était-elle longuement ou récemment envisagée ?

Ces circonstances sont cruciales car elles conditionnent l’amorce du deuil. Si ce processus de pertes en pertes a été inauguré par la maladie, le sujet endeuillé n’aura pas les mêmes dispositions psychiques que celui ou celle qui apprend un décès brutal survenu quelques heures plus tôt. Mort naturelle ou mort volontaire, ce point est également important à considérer ; Un accident, un suicide, par leur caractère brutal peuvent prédisposer à un deuil avec traumatisme, précise MF Bacqué. Inattendue, brutale ou au contraire d’une longue maladie dont le pronostic létal était déjà clair, le déroulement de cette phase de deuil ne sera pas la même.

Chronique d’une mort annoncée versus une mort brutale

Perdre un être cher est un arrachement en soi. Pourtant, perdre « peu à peu » une personne chère, atteinte d’une maladie incurable diffère d’une annonce de mort brutale : l’annonce est forcément terrible, le traumatisme probable.

Aussi le vécu d’un accompagnement palliatif, même s’il est fait d’aller retours psychiques entre acceptation, colère, déni, marchandage et choc, par ce processus du prédeuil, diffère d’une annonce de décès soudain. La mort qui se préfigure à travers les pertes, suite à un processus d’annonces, dont celle de d’incurabilité se distingue de celle d’une annonce de mort brutale (suicide, accident, mort naturelle) faite par la Police ou découverte par le proche qui est intolérable, sidérante.

Si le processus du mourir qui se vit au jour le jour, à travers la dégradation physique qui grèvent progressivement les fonctions vitales du malade est difficile pour chacun, l’entourage participe à ce temps. Car les soins palliatifs, qui permettent un soulagement de la souffrance globale, permettent de partager des moments de vie ultimes où il s’agit de vivre un temps de qualité. C’est un temps étrange, caractéristique et unique, un temps suspendu qui va permettre à chacun d’intégrer cette réalité : la mort à venir d’un être cher. Or cet au revoir progressif est impossible lors d’une mort brutale, souvent précoce. Le temps est alors celui d’une autre suspension, celui de traumatisme. Voir le défunt est impossible, tandis que la culpabilité, l’impuissance, la non maitrise permet difficilement d’appréhender l’évènement lorsque la sidération n’est pas tout simplement au rendez-vous.

La relation à l’être aimé est unique  

Chaque deuil est unique, individuel. Perdre un être cher, c’est perdre le regard unique que le disparu portait sur soi. « Tout investissement objectal est aussi en partie narcissique » proposait Michel Hanus, psychiatre et psychologue du deuil. La perte de l’objet (la personne aimée) est aussi une perte narcissique, c’est-à-dire qu’un éclat de soi se perd en même temps que la mort de l’être cher. C’est finalement le narcissisme qui crie sa douleur, sa révolte, son agonie.

Quel était le lien affectif qui reliait le défunt à celui qui reste ?La « qualité » de la relation antérieure au décès est essentielle à prendre en compte et détermine, dans une certaine mesure, la complexité du deuil à venir. Ainsi, une relation complice pourra naturellement être regrettée tout en pouvant s’intégrer harmoniquement chez celui qui survit.

La nature du lien au disparu est naturellement source de souffrance. En effet, la question de la place que le vivant a /avait vis-à-vis du proche questionne la place, dans l’interaction que chacun a pour l’autre. Ainsi perdre un enfant, c’est être un parent orphelin d’enfant mais c’est aussi faire le deuil du parent que l’endeuillé fut pour pour cet enfant. Cet enfant ressemblait-il à un parent perdu ? C’est la question d’une double perte symbolique qui peut être en jeu. Perdre un conjoint, au-delà de ce qu’il représentait pour soi, c’est perdre cette vie en commun quotidienne faite de partages, d’échanges, mais aussi en miroir se poser des questions sur sa propre finitude. Perdre un parent ou un grand parent, c’est avancer dans l’ordre des générations et se questionner sur sa place dans la famille.

Un lien compliqué (conflictuel, fusionnel) ou n’est pas forcément un bon pronostic au travail de deuil

La mort ne règle pas les liens qui opposaient le vivant et le défunt.

Aussi en vouloir furieusement à sa mère depuis des décennies sans l’avoir revue avant son décès ; avoir eu des rapports très conflictuels avec son frère ou sa belle-mère ne vient pas apaiser celui qui est en deuil. La colère, parfois la haine traverse la mort et l’endeuillé peut se retrouver désemparé face à sa colère, culpabilisé de ne rien ressentir. Le travail de deuil peut en être complexifié car la culpabilité, ou les souhaits de mort inconscients du vivant du sujet risque de faire « bouchon » ne permettant pas au vivant de traverser ce processus de deuil.

La cérémonie funéraire, un rite de séparation essentiel

« La mortalité est un phénomène social au même titre que la natalité, la nuptialité ou la criminalité » Jankélévitch, la mort.

Naitre, grandir, se quitter, mourir autant d’événements de vie qui viennent à être ritualisé.

Si le deuil ne se montre plus par des signes évidents comme porter un brassard noir, ne plus mettre de bijoux, se dépouiller de tout maquillage, être vêtu de noir pendant une année, se raser, si l’annonce ne se fait plus si solennellement, l’être humain continue à mourir et les humains d’être endeuillés. Ils continuent à souffrir de la perte de l’être aimé. Malgré toutes les avancées de la science, si la mort peut être reculée elle ne peut être évitée : elle est notre seule certitude commune.

Aussi, religieuse ou non, vécue collectivement, les obsèques et plus particulièrement la cérémonie funèbre constitue un rite essentiel qui permet d’amorcer la séparation. Aussi appelé rite de séparation, il permet, après la toilette mortuaire et le recueil auprès du défunt, de progressivement entamer le travail de deuil. Aujourd’hui, en ces temps bousculés où les morts se succèdent avec la pandémie, il est plus que jamais nécessaire de permettre aux familles de ritualiser leurs morts, de préserver les cérémonies funèbres car ce dernier hommage compte dans le temps d’après, celui du deuil, celui où l’endeuillé se retrouve seul.

Comment s’y préparer ? Cet hommage est avant tout collectif, mais aussi individuel et intime.  « La mort elle se pare de rituels funéraires qui sont destinés à aider le mort à être mort ; à aider les survivants en leur permettant la séparation progressive avec le défunt »  précise Hanus dans la mort retrouvée. S’il est important de pouvoir dire un dernier adieu, il est capital que ce moment ait un sens pour celui qui ritualise ce moment. En effet, ces rites dont la cérémonie funèbre fait partie ont un fort impact psychologique et ne sauraient disparaitre : permettant un dire un dernier adieu, de situer un lieu physique où le proche à jamais repose, ils permettent de favoriser le travail de deuil, d’en limiter les conséquences comme le deuil pathologique, la dépression chronique, la décompensation psychiatrique, la maladie et les accidents (actes manqués suicidaires).

Ainsi, écrire un texte qui sera oralement dit ou une lettre glissée dans le cercueil, lire un poème, préparer une playlist évocatrice ou un diaporama retraçant la vie de l’être aimé sont autant de gestes, de paroles, de sons set d’images qui accompagneront les deuilleurs dans leur processus. Je souligne toujours l’importance que recèle le temps funèbre à investir car il aura une résonnance souvent apaisante pour l’après.

Les silences lors des sermons sont nécessaires pour fantasmer, se souvenir : cela permet l’expression de la souffrance et des émotions. Dans certaines cultures, les démonstrateurs d’émotions (pleureuses) ont apporté la garantie de la normalité de la souffrance, alors qu’aujourd’hui la tendance est à masquer sa peine ou ses pleurs, comme s’il était anormal d’être triste, comme si cela dérangeait les vivants.

Le deuil, qu’est-ce ?

Le deuil est «la réaction à la perte d’une personne aimée comme une dépression profondément douloureuse, une suspension de l’intérêt pour le monde extérieur, la perte de la capacité d’aimer, l’inhibition de toute activité. » Freud, Deuil et mélancolie, 1915.

Le deuil est un processus. Ce processus psychique verra le sujet traverser par diverses émotions, dont l’affect de tristesse. Impossible de « faire son deuil » sans traverser cette douleur. Vivre son deuil, « sa douleur » étymologiquement (du latin dol, dolere, souffrir), c’est traverser un temps de vie singulier qui relève d’un processus psychique complexe.

A son terme, ce processus de deuil doit mener l’endeuillé à réaliser la disparition réelle du défunt de façon relativement apaisée.

Et la tâche n’est pas simple car le deuil, plus qu’hier, est aujourd’hui tabou. Aucun signe social ne vient attester de l’état de profonde douleur dans lequel est l’endeuillé. Cela ne fait qu’amplifier le désarroi, l’angoisse, la culpabilité, la douleur de celle ou celui qui vit cette perte. Personne ne distingue plus l’endeuillé, noyé dans la masse, si ce n’est lorsque son chagrin incoercible attire en public les regards. Socialement, il faut faire montre de sa force morale dans une sorte de « toute-puissance surmoïque », un héroïsme dont la société est friande. Car il ne faut surtout ne pas flancher, exhiber cette souffrance dont l’autre ne sait finalement que faire. Car comment être compris lorsque l’autre n’a pas lui-même vécu cette expérience ? Comment se sentir réellement entendu quand les questions posées sont si loin des préoccupations de celui qui survit à l’être aimé ?

Ce désarroi s’accroit encore lorsque qu’avec les proches, la famille, les amis, les collègues, le sourire est de mise alors que tous les drapeaux personnels sont en berne.

Le premier temps du deuil

Le processus de deuil se décline en plusieurs temps.

S’il se vit collectivement, il se vit aussi individuellement. Comment assimiler le choc, comment se dire, dire sa peine, afficher sa révolte, faire part de son incrédulité face à ce décès impensablealors que l’autre, l’ami, la sœur, le collègue, le parent redoute d’aborder le sujet tabou du mort ? D’autant que chacun même au sein d’une même famille ne vit pas le deuil de la même manière.

Dans le premier temps du deuil, le défunt est surinvesti, c’est-à-dire que l’endeuillé voit, pense, agit, qu’à travers la pensée de l’être disparu : il est comme obnubilé par lui.

Comment faire lorsque l’envie de parler continuellement de l’être aimé est incoercible ? Appeler ce dernier sur son portable pour entendre encore une fois sa voix, porter son parfum, retourner dans ses endroits de prédilection, autant d’actes parfaitement normaux qui correspondent à ce premier temps du deuil ou l’endeuillé cherche encore par tous les moyens à retrouver celui qui n’est plus.

Vivre son deuil est un état psychologique qui mobilise beaucoup de ressources psychiques et physiologiques. Ainsi la personne endeuillée semble distraite, moins à l’écoute de la vie extérieure, moins concentrée, moins concernée, absente aux autres, elle oublie. Elle est en effet dans un repli narcissique exigé par cette perte. Sans compter la vie onirique qui ne cesse, si elle existe et que l’insomnie ne prend pas le pas, de lever et relever un coin du voile, mettant à jour avec force parfois l’angoisse inconsciente.

Le deuil se vit par étapes, qui ne sont pas séparables les unes des autres, qui, comme le ressac de la mer, fait se chevaucher des vagues de douleur dans une alternance de période d’allègement, pour finalement se superposer. La mort de l’autre aimé réclame comme le soulignait Freud un réaménagement psychique significatif intense. Il s’agirait de défaire progressivement tous les liens qui unissaient le vivant à celui qui n’est plus. Certains attachements sont indéfectibles parce qu’ils remémorent d’autres liens anciens qui n’ont pas pu trouver une issue favorable en terme de séparation.

Le travail de deuil, un processus psychique

Freud a tenté, il y a près d’un siècle, de définir la mélancolie en la distinguant du deuil. Il décrit le deuil comme « une réaction à la perte d’une personne aimée ou d’une abstraction mise a la place, la patrie la liberté, un idéal ». Il s’interroge sur la douleur du deuil et en conçoit la notion de travail de deuil déclenché, et c’est l’essence même de ce travail psychique, quand l’épreuve de la réalité montre au sujet que la personne aimée n’existe plus et édicte l’exigence de retirer toute sa libido des liens qui la retiennent à l’objet (le défunt). Désinvestir cette libido permet de la ramener au moi pour permettre ultérieurement d’investir un autre objet (une autre personne).
Mais ce processus prend du temps, voire des années pour un proche comme un conjoint, un ami cher, un parent, un frère, une sœur.

Le deuil originaire, modèle des deuils à venir

Tout deuil est une crise, et toute crise est un deuil car « toute espèce de changement présage et préfigure la mort ». La vie est faite de deuils : deuil du milieu intra utérin, deuil du sein de la mère…M. Klein psychanalyste d’enfants, développait ces processus identifiés au deuil en décrivant laphase de développement normal chez l’enfant: la position dépressive, deuil précoce où se déploie une problématique de séparation qui sera réactivée lors de chaque expérience de deuil.

Qu’est-ce que ce deuil inaugural ? C’est le deuil que le bébé, l’enfant, fait de sa toute puissance, du fait que la mère ou maternant est séparé de lui, qu’il dépend d’un autre extérieur à lui. C’est la sortie de ce deuil qui conduit à la découverte de l’existence de l’autre. Si ce deuil n’offre pas d’immunité contre les deuils à venir, il offre des conditions passables.

C’est la traversée de ce deuil originaire qui déterminera la capacité de chacun à effectuer les grands ou les petits deuils de son existence.

Or si ce deuil originaire est grippé, s’il n’a pu se réaliser, il frappe alors de plein fouet le sujet qui face à la séparation peut être amené à vivre une véritable décompensation. Celle-ci peut générer un deuil pathologique si cette décompensation se signe d’une pathologie psychiatrique, ou plus souvent par un deuil compliqué, inhibé, ou tout simplement gelé. 

Combien de temps dure un deuil ?

Le travail de deuil ne peut se constituer du vivant d’une personne même très malade, dans le coma, absente ou mourante.

Il faut que la mort ait eu lieu pour que l’endeuillé puisse commencer le travail de deuil qui consiste à prendre toute la mesure de la réalité de la disparition de l’autre. Et ce processus prend des années, entre 3 et 5 ans pour la perte d’un être très cher comme un parent, un conjoint, un frère ou une sœur, un ami cher. La perte d’un enfant ne rentre pas de cette temporalité moyenne.

La temporalité du deuil est subjective. Mort suite à un accompagnement palliatif ou crise cardiaque brutale, les circonstances du décès conditionnent le travail de deuil bien sûr. Mais plus surement, la façon dont chaque personne fait face aux séparations (amicale, sentimentale, professionnelle.) dans sa vie donne un indice sur la façon dont il pourra mener ses deuils, le premier deuil, le deuil originaire conditionnant les deuils à venir.

Si cette aptitude au deuil diffère pour chacun d’entre nous, nous sommes tous inégaux face au deuil. Pour certains le deuil se traumatogène, c’est-à-dire que chaque deuil important sera une véritable épreuve, tandis que pour d’autres la faculté à se séparer sera plus aisée.

Le deuxième facteur important réside la façon dont la mort survient car celle-ci va peser son poids l’assimilation de la mort de l’autre. Si les 2 premiers mois peuvent être vraiment difficile, les suivants le sont encore plus car l’entourage est souvent moins présent et les actions concrètes terminées. Pourtant, la première année et la date anniversaire de la mort du proche marque une étape essentielle.

« Est-il possible de ne pas faire son deuil ? » 

 Cette question intéressante émane d’une aide-soignante en formation de soin palliatif

Parler au présent de la personne disparue deux ans après le décès, mettre le couvert pour sa dame alors qu’elle est décédée il y a 5 ans, relève d’un mécanisme de défense courant qui permet de nier la disparition de l’autre. Ou bien la peine ne semble pas être au rendez-vous, une indifférence s’installe quant au décès, signe que les affects sont gelés.

Un éventail de mécanismes de défense se déploie chez l’humain endeuillé permettant à la psyché une mise à distance protectrice contre cette vérité de mort qui est intolérable. Certains mécanismes primaires comme le déni (il est toujours là avec moi), le clivage ou la projection agressive (agressivité) ne sont pas évident à vivre pour l’entourage. Pourtant même ces mécanismes sont temporaires et la psyché pourra lentement progresser dans l’appréhension de cette réalité difficile.

Le processus de deuil va être d’autant plus long que plusieurs deuils successifs sont survenus sur une courte période, à moins que certains deuils familiaux, qui relève de l’inconscient transgénérationnel, fassent barrage. En effet, comme le soulignaient Abraham et Torok dans leur texte « l’écorce et le noyau », tout nouveau deuil attire comme la limaille de fer les deuils antérieurs non faits. Aussi derrière un deuil qui ne se constitue pas, il n’est pas rare de découvrir d’autres tombes muettes, d’autres morts familiaux tus à d’autres époques.

Pleurer à larmes chaudes des années plus tard à chaque évocation du disparu, continuer à éprouver une colère ou un sentiment d’injustice, laisse imaginer que le processus de deuil n’a pas été mené à son terme. Le deuil est alors qualifié de deuil compliqué, inhibé, entravé voire gelé.

Ce deuil enkysté peut pourtant se reprendre, et par le biais d’un suivi de deuil, se constituer et alléger celui qui continue à vivre dans cette douleur, qui bien souvent, entrave plusieurs pans de sa vie, particulièrement sa capacité à s’attacher ou à s’engager dans la vie.

Or il n’est jamais trop tard pour faire ce travail de deuil, non seulement pour vivre mieux au présent mais c’est aussi une façon de se comprendre dans son rapport à la séparation, à la mort pour les séparations à venir mêle si rien ne prémunit de la mort.

En effet, le travail de deuil accompli permet un réaménagement avec le défunt en soi, dans son rapport aux autres mais aussi par rapport à soi-même (M. Hanus, les deuils dans la vie).